Séminaire international :  » Endangered Humanities » les 21 et 22 juin + les news

Toujours dans l’attente du délibéré du 17 Juin, nous poursuivons nos actions solidaires: collectes et distributions, les ateliers continuent, on fait des projets et on parle de tout ça pour « planter des graines », cette semaine nous étions invités à l’émission « Rendez vous citoyens » de Fréquence Paris Plurielle. Un grand merci à toute l’équipe, on attend le podcast avec impatience pour vous le partager !

Cette semaine :

Jeudi :

On aide les copain.es de solidarité migrants wilson et on fait la cuisine chez nous à Pantin, horaires 10/14h. Si vous voulez nous aider : leo@lamachine.org

l’AMAP est suspendue encore cette semaine

Samedi :

RDV à la friche Ulysse au 1 rue Bouquet à Noisy le sec pour la Gratuiterie Ambulante (nous ne prenons toujours pas les dons) et le Cinéma à Pédales entre 15 et 17h

Puis dimanche à Pantin 3 RDV :

L’atelier couture Ødéchet avec Stéphanie (prévenez de votre venue à stefiedog@gmail.com). 15/17h.

L’atelier d’auto-réparation et de construction avec Michel entre 15 et 17h, prévenez le à michel@lamachine.org

La collecte solidaire du dimanche 15/17h avec les besoins suivants :

*Petit matériel informatique même en panne : ordis portables, téléphones, tablettes.

*Portes BB, écharpes, poussettes, lits parapluie… Urgence poussette double naissance !

*Doudous en très bon état

*Produits d’hygiène : liniment, cotons/carrés, serum phy…

*Lait maternisé et petits pots (sans viande de préférence)

*Biberons et tétines en très bon état

*Turbulettes ++++++ et petites couvertures

*Vêtements enfants 2/3/4 ans uniquement

*Vêtements femme T 44 et plus.

N’oubliez pas notre boite à livres à Pantin qui est ouverte 24/24 et remplie régulièrement par nos soins.

Et enfin l’évènement préparé de longue date avec une dernière soirée au LEO !

Toutes les infos de la semaine

On se retrouve Samedi pour la Fête de la friche organisée par la compagnie Gyntiana ! Nous serons présents pour la Gratuiterie Ambulante et le Cinéma à pédales de 15 à 17h au 1 rue Bouquet à Noisy-le-sec.

C’est quoi le Cinéma à pédales ?

Une envie d’ajouter un peu de militantisme à côté de la Gratuiterie : un mini écran, un générateur à pédales, une batterie et une petite enceinte. En mini groupe (4/5 pas plus) dans la cabane de la friche nous vous proposerons désormais de petits docus (10/15min maxi) sur des sujets qui nous semblent importants. On est aussi dispo pour en parler avec vous ! Et surtout n’hésitez pas à nous proposer des films à diffuser 😉

Cette semaine on projette le film de Sideways sur la Bergerie des Malassis. La bergerie est menacée d’expulsion très prochainement, un rassemblement est prévu le 19 juin à Bagnolet. Il faut découvrir au plus vite cet endroit incroyable et le soutenir en masse !!!

Puis dimanche à pantin 3 RDV :

L’atelier couture Ødéchet avec Stéphanie (prévenez de votre venue à stefiedog@gmail.com). 15/17h.

L’atelier d’auto-réparation et de construction avec Michel entre 15 et 17h, prévenez le à michel@lamachine.org

La collecte solidaire du dimanche 15/17h avec les besoins suivants :

*Petit matériel informatique même en panne : ordis portables, téléphones, tablettes.

*Portes BB, écharpes, poussettes, lits parapluie… Urgence poussette double naissance !

*Doudous en très bon état

*Produits d’hygiène : liniment, cotons/carrés, serum phy…

*Lait maternisé et petits pots (sans viande de préférence)

*Biberons et tétines en très bon état

*Turbulettes ++++++ et petites couvertures

*Vêtements enfants 2/3/4 ans uniquement

*Vêtements femme T 44 et plus.

N’oubliez pas notre boite à livres à Pantin qui est ouverte 24/24 et remplie régulièrement par nos soins.

En attendant vous pouvez encore faire tourner et signer la pétition, qui sera utile si le vent tourne mal ou pour enfin trouver un nid durable… ICI

Et maintenant : la suite !

Tout d’abord un immense merci à vous tous/tes pour votre présence, vos soutiens, votre belle énergie !

Merci particulièrement aussi à toutes les petites mains et les petites voix qui ont œuvré dans l’ombre pour que cette journée soit possible.

Si vous avez fait de jolies photos/vidéos/prises de son vous pouvez nous les transmettre ICI, nous allons tenter de bricoler quelque chose avec !

L’audience c’est bien passée, le juge nous a écouté et notre Super Justicier à assuré, comme toujours ! Nous avons fait au mieux ; la décision finale sera rendue le 17 Juin, en attendant on croise les doigts.

Mais la vie du LEØ ne s’arrête pas, d’ailleurs, nous avons accompagné le lendemain du procès, la naissance de la 4ème Bébée de la grande famille ! Maman et Amia vont bien ! Nous, on est aux anges…

Dès cette semaine nous reprenons :

  • le samedi entre 15 et 17h la Gratuiterie Ambulante au 1 rue Bouquet à Noisy le sec, uniquement si le soleil nous accompagne ! Pour l’instant nous ne prenons pas les dons.
  • le jeudi entre 18 et 20h à Pantin, L’amap des 4 chemins
  • le dimanche entre 15 et 17h à Pantin : l’atelier couture Ødéchet, cette semaine c’est Karine qui propose un atelier réparation/customisation : apportez votre plus beau vêtement ! attention les places sont limités.
  • le dimanche entre 15 et 17h à Pantin : l’atelier d’auto-réparation et de construction. Merci de prévenir Michel avant de venir : michel@lamachine.org
  • Les collectes solidaires seront désormais le dimanche à Pantin entre 15 et 17h et voilà les besoins/urgences du moment :

*Petit matériel informatique même en panne : ordis portables, téléphones, tablettes.

*Vaisselle et casseroles en bon état

*Vêtements enfants 2/3/4 ans uniquement

*Turbulettes et petites couvertures ++++++

*Biberons et tétines en très bon état

*Lait et petits pots

*Petit matériel de puériculture (chauffe biberons, sacs à langer, assiettes, cuillères, bavoirs, langes, …)

*Portes BB, écharpes, poussettes, lits parapluie… Urgence poussette double naissance !

*Doudous en très bon état

*Produits d’hygiène : liniment, cotons/carrés, serum phy…

*Vêtements femme T 44 et plus.

Merci à vous !

D’autres beaux évènements sont à venir, on vous en dit plus très vite !

En attendant vous pouvez encore faire tourner et signer la pétition, qui sera utile si le vent tourne mal ou pour enfin trouver un nid durable… ICI

Vous pouvez lire et partager les beaux articles sortis cette semaine sur :

Reporterre ICI

Bastamag ICI

Mr Mondialisation ICI

Side Ways ICI

Le journal minimal minimal ICI

Nous sommes prêts !

RDV Jeudi dès 13h à Châtelet pour nous donner toutes vos forces !

Il y aura des stands militants et associatifs, des prises de paroles, des musiciens…

Une démo de boxe/autodéfense féministe !

Des jeux, la fresque du climat.

Des boissons et des gâteaux maison, pensez à votre gobelet 😉

Des drapeaux (plein !!!!) et de la sérigraphie sur place, apportez vos vêtements préférés.

Une gratuiterie d’objets et de livres.

Une collecte de produits d’hygiène de la Brigade de solidarité populaire Auber/Pantin.

Une (re)présentation de notre projet fou  » Terminus Radieux ».

Et même, si le temps le permet une montgolfière !

Un départ en vélo est prévu depuis le LEØ à 11h30 précise, RDV à 11h.

La météo nous fait l’honneur d’être clémente, pas d’excuses pour rester chez vous !

On compte sur chacun d’entre vous.

A jeudi !

Pour celles et ceux qui ne l’ont pas encore fait, pour signer et partager la pétition c’est

ICI

Victoire !

Depuis quelques temps, la présence de Léo se fait de nouveau sentir. Il rôde et veille auprès de moi comme il l’a toujours fait, la frénésie quotidienne m’avait presque fait oublier son absence.

Cruelle absence.

Pour ce qui ne le savent pas, Léo s’est vraiment incarné, il était passionné; attentif, d’une loyauté sans faille et d’une générosité sans limite. Un être fou et doux à la fois. Un compagnon de route incroyable. Quel chemin nous avons fait ensemble, mon Léo ! Cette fois encore, tu me portes dans ce combat et j’espère sincèrement être digne de toi.

Mais finalement, et si tout était déjà gagné ?

Le 20 mai nous nous rassemblerons pour soutenir ce lieu et ce projet qui nous tient tous/tes à cœur, pour des milliers de raisons différentes. Mais je crois que nous devons surtout nous rassembler pour célébrer notre victoire !

Quelque soit l’issue du procès, quelques soient les conséquences du verdict ; le LEØ existe et vit déjà dans chacun/e d’entre nous. Ils pourront nous expulser, fermer le bâtiment, saisir nos affaires, mettre des murs et des gardiens, nous frapper ou nous tuer… Peu importe, le feu qui nous anime désormais ne pourra jamais s’éteindre. Car nous avons retrouvé l’espoir.

Celui d’un monde plus doux, plus juste, plus drôle, plus intense que jamais. Et cette saveur, ils ne pourront pas nous la voler. Ils ne pourront pas briser notre solidarité comme ils ne pourront pas empêcher la nature de reprendre LEUR béton. Chassez-nous, enfermez-nous, d’autres continuerons; la flamme ne nous appartient plus, elle brille déjà dans les yeux des bébées du LEØ.

Il y a déjà, et il y aura toujours de nouvelles braises et d’autres lieux, d’autres luttes, d’autres êtres vivants pour poursuivre ces combats.

Rassemblons-nous, non pas pour espérer que le LEØ perdure mais pour célébrer cet espoir retrouvé. Faisons de cette journée une fête majestueuse : sortez parures et chants, étendards colorés et slogans joyeux. Dansons, jouons, exaltons-nous ensemble ! Venez parler de vos luttes, venez évoquer l’avenir vivant que vous souhaitez, venez vivre ce moment avec nous, peut être pour la dernière fois.

Rendez vous le 20 mai dès 13h place du Châtelet.

Notre équipe restreinte partira vers le tribunal pour 14h. Nous comptons sur vous pour venir en nombre; nous avons besoin plus que jamais de vos belles énergies !

Pour tou/tes celles et ceux qui veulent participer activement, merci de vous inscrire via ce mail pour que nous puissions organiser la journée : fleuves@protonmail.com

Autogestion et bienveillance : à chacun d’entre nous d’être vigilant et exemplaire tant en terme de consignes sanitaires que pour le bon déroulement de ce rassemblement. Tout dérapage nous serait préjudiciable.

Hauts les cœurs pleins de rage !

Pour celles et ceux qui sont trop loin, une pétition de soutien à été lancée. Signée en nombre elle nous permettra de soutenir notre projet pour imaginer la suite plus sereinement : LIEN

Le LEØ en danger ! RDV le 20 Mai

Nous, membres du LEØ, Laboratoire Ecologique Zéro déchet, occupons depuis plus de deux ans un bâtiment industriel laissé à l’abandon au 20 avenue Edouard Vaillant à Pantin. L’EPFIDF (Etablissement public Foncier d’Île de France), propriétaire des lieux, nous a intenté un procès l’année dernière. Un jugement inédit en notre faveur en a découlé, nous donnant la jouissance du bâtiment durant 3 ans et demi.L’EPFIDF a choisi de faire appel de cette décision et nous devons retourner au tribunal le 20 mai pour défendre notre projet.


Cela fait presque 5 ans que nous sollicitons élu.es et collectivités afin d’avoir un lieu pour exercer notre activité. Faute de réponses concrètes nous avons choisi de réquisitionner des bâtiments vides pour pouvoir mettre en œuvre notre projet écologique et solidaire.


Nous avons choisi délibérément de quitter le confort de notre ancienne vie tant l’urgence d’agir nous est apparu évidente. Nous avons en pleine conscience pris des risques humains, judiciaires et financiers pour défendre le vivant dans son ensemble, notre engagement est total.


Cependant nos activités sont telles, qu’à ce jour nous ne pouvons plus nous permettre de les poursuivre sans soutien actif de la part des collectivités, et surtout dans des lieux précaires. Nous stockons l’équivalent de dizaines milliers d’euros de matériel de première nécessité, nos activités quotidiennes nous demandent toute notre énergie et ne nous permettent plus d’affronter la brutalité et le stress liés à l’ouverture et à l’installation d’un nouveau squat.

Pour résumer, sans solution, le LEØ fermera.


Nos actions sont multiples, inclusives, réfléchies, documentées, elles s’ancrent dans le territoire en grande difficulté qu’est la Seine-st-Denis, elles sont accessibles gratuitement ou à prix libre pour toutes et tous.


Aujourd’hui, le LEØ propose :


• un atelier d’auto-réparation et de construction ainsi qu’une matériau-
thèque gratuite
• un atelier couture Ødéchet
• une cantine végétale à prix libre
• des actions de compostages expérimentales
• des actions de renaturation dans deux friches
• une Gratuiterie = ressourcerie gratuite
• des dons de colis alimentaires et vestimentaires, des dons
d’électroménager, meubles, vaisselle… pour des familles démunies (env
70-100 colis/mois)
• de l’hébergement d’urgence et de l’accompagnement individuel pour les
femmes et mineurs isolés
• une plateforme logistique de dons de produits d’hygiène qui nous sont
confiés par Action contre la faim pour être redistribués aux petites
associations du 93.

• une étude ethno-photographique réalisée par un sociologue depuis 3 ans
avec la sortie d’un livre en Juin 2020.
• un lieu de vie ouvert sur le quartier avec des projections, spectacles,
débats, conférences, stockages, ateliers, réunions….

Mais aussi via des associations partenaires et des professionnel.les engagé.es à nos côtés :


• des cours de français pour les femmes
• des ateliers parentalité
• ateliers et groupes de paroles pour les femmes/mères
• des ateliers boxe en non mixité
• des ateliers d’auto-défense féministes
• des distributions alimentaires
• des ateliers low-tech
• une Amap et sa coopérative d’achats de produits secs
• des ateliers crochet Ødéchet
• des ateliers sérigraphie
• des ateliers soudure

Tout cela entre pleinement dans ce que défendent et revendiquent les collectivités : des actions écologiques accessibles à toutes et tous, une réduction conséquente des déchets et une sensibilisation du public, des ateliers et espaces de rencontre de quartier inclusifs avec une très grande mixité sociale, une solidarité de terrain efficace et qui ne coûte rien aux institutions.

Aujourd’hui notre association a créé un solide réseau de partenaires et agit avec eux pour la préservation de la biodiversité, la renaturation et la désartificialisation des sols, le recyclage, la réparation, le réemploi, la réduction des déchets. Un réseau également d’associations solidaires, de professionnel.les du médico- social, d’ONG, de chercheur.euses qui travaillent au quotidien avec nous.
Des dizaines d’acteurs institutionnels nous reconnaissent comme partenaires de confiance et bienveillants et nous sollicitent pour venir en aide aux personnes vulnérables.

Nous pensons que notre association a toute sa place en Seine-Saint-Denis et encore plus en cette période très difficile. Notre connaissance du terrain, des associations, notre connexion aux besoins réels de la population et notre réseau sont une vraie valeur ajoutée pour le territoire qui nous accueillera.

Cependant, nous sommes inquiet/es :

Le nouveau jugement risque d’être seulement motivé par la volonté de réprimer les personnes qui occupent et valorisent des bâtiments inoccupés, alors que leurs propriétaires se contentent d’enfermer du vide pour les besoins de la spéculation immobilière.

À ce jour le LEØ n’a aucune solution de repli. Nous ne pouvons pas déménager dans un endroit précaire tout en maintenant nos activités.

Mais nous allons nous battre !

Pour nos ancien•es et futur•es bénéficiaires, pour nos bénévoles, pour nos ami•es, pour les bébées nées au LEØ et leurs mamans, pour les perdu/es, pour les rêveur•ses, pour celles et ceux qui luttent et toutes les personnes aspirant à la solidarité.

Nous avons donc besoin d’un écho médiatique pour que notre combat soit visible et entendu, et d’un soutien politique pour que nos actions soient pérennisées. Nous avons besoin de contacts chez les aménageurs/bailleurs, des propriétaires de friches ou de bâtiments publics ou privés qui pourraient être conventionnés, et pourquoi pas d’un contact bienveillant à l’EPFIDF pour qu’enfin ces derniers répondent à nos demandes de négociations.

Nous avons aussi besoin de vous le jeudi 20 mai pour nous soutenir, nous vous en dirons plus très vite. En attendant vous pouvez caler un RTT, préparer vos plus belles banderoles, répéter ou inventer des chants, des jeux ou tout autre joyeusetés flamboyantes, pacifistes et bienveillantes !

« Tout ce qui n’aura pas été défendu sera détruit »

Le LEØ

Vidéo de présentation du LE0, réalisée par Totoro, un grand merci à lui !

De l’art de choisir ses combats, ses ami/es et allié/es; réflexions pour militant/es.

Ces dernières semaines le LEØ a été bousculé dans ses convictions, son éthique et ses alliances. Nous le répétons souvent, le mot laboratoire a été soigneusement choisi ; nous sommes un lieu pour réfléchir et expérimenter, mais surtout pour permettre le partage de ce qui en résulte.

Ces 3 années d’activité, ont été riches de rencontres, de débats, de réflexions intenses. C’est grâce à la grande diversité d’activité que nous accueillons et aux innombrables personnes aux profils hyper variés, plus ou moins militantes, plus ou moins engagées que nous côtoyons, que nos pensées et nos actions évoluent et s’affinent.

Nous tentons de conjuguer inclusivité et exigence éthique; un objectif souvent funambulesque, vraiment pas de tous repos. Nous passons des heures à débattre, à penser nos actions, nos accueils, nos refus, nos erreurs.

Lorsqu’il est question de partenariats, d’alliances, de réponses à des médias, de participation à des évènements, nous tentons de prendre soin de respecter nos engagements éthiques. En tant que militants nous avons la responsabilité de savoir à qui l’on parle, chez qui nous sommes invités et surtout dans quel but, de savoir ce que l’on fait, pourquoi, comment et pour qui. Nous nous trompons parfois, hésitons souvent, tant l’exercice est complexe et c’est ensemble que nous parviendrons à « veiller » les uns sur les autres et comptons sur vous pour nous reprendre si nécessaire.

Le capitalisme agressif récupère les causes écologiques et solidaires pour les engloutir ; vider les mots de leurs sens, récupérer les énergies, privatiser de l’espace, enfermer du vide, faire de l’apparat au lieu de favoriser l’action, soumettre, mentir et manipuler dans le seul et unique but se poursuivre en toute quiétude sa course effrénée au profit et à la destruction, bien à l’abri d’un greenwashing triomphant.

Ne soyons pas dupes.

Nos dernières réflexions nous ont amené à chercher des supports, des écrits pour continuer à penser. Aussi, nous vous partageons ce texte bien mieux écrit que ce que nous sommes en mesure de le faire. Merci a Isabelle Fremeaux et John Jordan d’avoir pris ce temps pour transcrire ce qui nous semble, aujourd’hui, de plus en plus essentiel :

Toute ressemblance avec des évènements et des lieux proches n’est pas fortuite… 😉

Vous pouvez retrouver l’article sur le site de l’excellente revue TERRESTRE :

Quelle culture voulons-nous pour nous nourrir ?

Notre-Dame-des-Landes
Bassin versant de la Loire
BRETAGNE

(…)

Nous3 vous écrivons en amis, pas en ennemis. Nombre de vos idées et de vos écrits nous ont souvent servi d’ancrage dans les tempêtes qui se déchaînent en cette époque vacillante. Nous avons rencontré certain-e-s d’entre vous, avec qui nous avons partagé notre passion pour la protection du vivant. Plusieurs nous ont rendu visite sur la zad4 (Zone à défendre) de Notre-Dame-de-Landes, apportant votre soutien à la lutte victorieuse contre un aéroport climaticide. Nous avons croisé d’autres d’entre vous lors de festivals et de forums où nous présentions nos travaux respectifs. Nous partageons la même maison d’édition avec d’autres encore, et nous avons hâte de rencontrer en personne celles et ceux dont les chemins n’ont pas encore croisé les nôtres. Mais malheureusement, cela ne se produira pas en ce mois d’août, dans la chaleur estivale de la ville d’Arles, lors du forum Agir pour le vivant, car nous n’y viendrons pas. Cette lettre ouverte Quelle culture voulons-nous nourrir? vous invite à vous aussi incarner ce refus, afin qu’il devienne une désertion collective. L’amitié implique toujours des choix et des conséquences et cette lettre ouverte traite de l’art de choisir de bonnes relations.

2020 nous a propulsé-e-s dans une bataille d’imaginaires aux proportions rarement connues dans l’histoire: La vie ou l’économie d’abord ? Retour à la normale ou non ? C’est une bataille où non seulement les façons dont nous percevons la vie et coexistons avec elle sont plus que jamais en jeu, mais où une grande partie du vivant pourrait être confrontée à une précarité extrême, à des expulsions et à une extinction massive dans les prochaines décennies. Dans toute bataille, il est impératif de choisir ses ami-e-s et l’événement Agir Pour le Vivant nous semble emblématique de ce type de choix. Le programme paraît irrésistible, toutes les bonnes questions sont posées, avec les bons mots et les bons imaginaires. Pourtant, cet événement est soutenu par des alliés profondément problématiques pour quiconque se soucie du vivant : la plupart des « partenaires » (un terme qui se rapporte autant à nos amours qu’à ceux avec qui nous faisons affaire, un terme bien plus chaleureux que « sponsors »…) font partie de la logique délétère qui ne cesse de traiter le vivant comme n’ayant de valeur que si celle-ci peut être calculée comme une marchandise ou un service au sein du marché.

Cette logique est celle de l’extractivisme5, des enclosures6, de l’externalisation et de l’extra-territorialité. En somme, c’est la logique même du capitalisme, le contraire de la logique des Communs qui, elle, est la forme de vie que nous nous efforçons de développer et que nous partageons probablement avec la plupart d’entre vous.

Comme nous l’a proposé Donna Haraway, l’une des clés de cette période de déconstruction du système consiste à générer des « parentés dépareillées » (make kin). Il faut nous rappeler qu’il ne s’agit pas seulement de reconstruire nos rapports avec les mondes « plus qu’humains », mais aussi de choisir en toute conscience avec qui nous lions des amitiés dans la lutte pour que la vie continue à vivre et prospérer malgré la guerre que lui mène l’économie.

Certain-e-s d’entre vous pensent peut être que nous sombrons dans une vieille logique militante binaire et moraliste, qui oppose de manière simpliste les ami-e-s d’un côté et les ennemi-e-s de l’autre, loin de cet assemblage complexe, ce compost enchevêtré de symbioses érotico-éco-logiques et queer que nous aimons tou-te-s tant. Mais le vivant fait toujours des choix ; aucun organisme ne peut vivre sans en faire, même au niveau le plus fondamental. Comme l’écrit Andreas Weber, biologiste marin devenu philosophe : « Chaque cellule organise sa manière de faire des connexions avec ses voisines, la manière dont elle fait correspondre sa structure interne et sa membrane externe… Elle le fait de sorte à satisfaire ses besoins, à produire les actions nécessaires à sa propre continuation, à se maintenir en vie et à s’épanouir. »7 Au cœur du processus de la vie se trouve la question suivante : cette relation apporte-t-elle plus ou moins de vie ? C’est cette même question que nous devrions nous poser quand nous choisissons ou non de participer à des événements tels qu’Agir pour le vivant. Baptiste Morizot, vous nous avez si splendidement rappelé que cette lutte consiste à « agir du point de vue des interdépendances », « à créer des alliances contre les ennemis des interdépendances constitutives..»”8 Et dans cette lutte complexe où les jeux de masque se multiplient, les ami-e-s de nos ami-e-s ne sont pas nécessairement nos ami-e-s.

« Nous sommes plus que jamais confrontés à la sensibilité et à la fragilité de la Terre » claironne l’élégant site web éco-pop d’Agir pour le Vivant, (www.agirpourlevivant.fr), un forum qui « entend présenter des solutions, oser des expérimentations et contribuer à l’écriture de nouveaux récits… » en vue d’ « une nouvelle conscience en faveur de la biodiversité ». L’événement, qui doit durer une semaine, est organisé par Actes Sud, l’une des plus grandes maisons d’édition francophones. Sa directrice, Françoise Nyssen, est devenue célèbre pour avoir été nommée en 2018 Ministre de la Culture par un banquier devenu Président (Emmanuel Macron) et avoir dû démissionner peu de temps après à cause de « l’affaire de la mezzanine ».

En faisant défiler la page d’accueil du site jusqu’en bas, après la liste d’illustres intellectuel-le-s et artistes, on découvre 26 logos de « partenaires ». Parmi ces logos, il y a ceux d’institutions financées par des fonds publics (Office du tourisme d’Arles, Parcs Naturels Régionaux de France), ceux de media libéraux (Libération, Kombini), ceux d’entreprises semi-publiques (Banques des Territoires ou Compagnie National du Rhône)… Les autres logos sont ceux de multinationales privées telles que BNP Paribas ou du cabinet de gestion financière Mirova. Le logo du forum est une sorte d’hybride inter-espèces arbre-humain, qui court à perdre haleine, pour, nous semble-t-il, fuir cet événement et la toxicité de ses entreprises partenaires.

La meilleure manière de comprendre ces partenariats n’est pas tant de les voir comme des entités qui soutiennent le forum mais plutôt l’inverse : c’est le forum qui rend crédible leur mensonge selon lequel elles se soucient de toute autre chose que de faire des profits, en détruisant des vies humaines et non-humaines si nécessaire. Il ne s’agit pas d’argent propre ou sale, mais d’une toute autre monnaie d’échange : la confiance et la valeur qu’on lui accorde.

Dans les cercles gouvernementaux et les milieux d’affaires on appelle cette approche « l’acceptabilité sociale » (social licence to operate). C’est une stratégie de relations publiques inventée au milieu des années 1990 spécifiquement par les industries des énergie fossiles et de l’extraction, et qui est aujourd’hui largement utilisée par tous les secteurs. L’idée de base est que les entreprises ont besoin de l’approbation et du soutien du public pour leurs activités potentiellement nuisibles. Pour obtenir cette acceptabilité, comme l’explique l’artiste, militant et naturaliste James Marriott, il faut qu’elles construisent une « image positive aux yeux des politiciens, diplomates, fonctionnaires, journalistes, universitaires, ONGs et commentateurs. Ces groupes sont connus […] dans le milieu des relations publiques […] sous le nom de ‘cibles spéciales’ (special publics)… [Le sponsoring] n’est pas offert par philanthropie, il fait partie intégrante de l’ingénierie des conditions sociales et politiques qui assureront la sécurité à long terme des investissements [dans les projets contestés parce que destructeurs].»9 En bref, pour pouvoir continuer à agir comme elles l’ont toujours fait, ces entreprises ont besoin de réparer leur mauvaise réputation en se faisant passer pour bienveillantes. Pour cela, il leur faut s’associer avec les bons partenaires.

Ces entreprises ont ainsi bien davantage besoin d’Agir Pour le Vivant et de ses «cibles spéciales » que l’événement n’a besoin de leur soutien. Ces partenariats sont une dimension fondamentale de la conduite des affaires de ces entreprises, ils ont bien plus de valeur que les sommes d’argent qu’elles peuvent distribuer, sommes qui sont généralement dérisoires, notamment en comparaison de leurs budgets de plusieurs milliards. Dans leur logique, un tel forum est un atout précieux dans lequel il vaut la peine d’investir, car les rendements sont immenses. Que cela nous plaise ou non, participer à ce genre d’événement revient à travailler pour ces entreprises que pourtant nous détestons. La salle de conférence, avec sa ribambelle d’intellectuel-le-s à la mode, devient une aile des services de relations publiques (RP) des entreprises, dont le travail consiste à détoxifier la marque en élaborant un storytelling qui la rendent désirable et digne de confiance.

Ce type d’opération de relations publiques est essentiel dans le contexte de basculement historique comme aujourd’hui, où la confiance dans le système s’effondre.

Au final, en offrant nos idées ainsi que tout ce pourquoi nous nous battons lors d’événements de ce type, nous œuvrons à redorer le blason et à modeler les imaginaires en faveur de ces machines de mort ; pire nous le faisons pour une fraction des coûts d’une véritable société de relations publiques.

La déclaration d’intention de MHP (l’agence de relations publiques de BNP Paribas, l’un des partenaires du forum) est en ce sens éclairante, et bien résumée par son slogan : : «Driver la croissance, gagner la confiance » (Driving growth, earning trust). Sur son site web hyper designé, MPH précise : « Ce que défend une entreprise – ses valeurs, son but, sa culture – est tout aussi important que ce qu’elle fait (…) Les grandes marques jouent un rôle croissant, les publics sont de plus en plus interconnectés, la confiance est fragile, la société est plus militante, […], un seul Tweet peut effacer des milliards de la valeur d’une entreprise […]. Les marques qui défendent une cause ou s’engagent à s’attaquer à un problème sont reconnues, retiennent et attirent les talents, et obtiennent des résultats (bottom line). »10.

Face à cela, on pourrait penser qu’une possibilité est de dénoncer radicalement les sponsors pendant l’événement lui-même pour démontrer notre « liberté de dire ce que nous voulons », faire un scandale. Mais c’est incarner le rôle de fou du roi dans les éco-palais de l’entreprise. Ça fait du bien, c’est thérapeutique et cathartique, le public adore. Mais les pilotes des machines mortifères adorent se faire chahuter par des mots et des idées radicales ; cela prouve leur ouverture d’esprit. La seule chose que le fou fait, c’est ouvrir une scène relativement sûre pour les cadres qui sont inévitablement présent-e-s, scène sur laquelle il-le-s peuvent tester la réception à leurs idées et à leurs discours incohérents, loin du regard des chaînes d’information.

Certain-e-s d’entre vous pourraient faire valoir que le plus important, c’est que vos idées soient diffusées largement, que le contexte importe peu car les idées changent le monde et le public en a besoin. Certes, nous avons besoin de vos mots et de vos idées, mais quand elles nourrissent une culture qui tourne le dos au vivant, elles perdent leur pouvoir de subversion. Un des ateliers mis en avant par le forum s’intitule L’entreprise au service du Vivant. Il nous semble que Le Vivant au service de l’entreprise qualifierait mieux la petite musique qui sera jouée au forum, et sur laquelle vous devrez danser si vous y participez.

Nous n’avons pas la place ici pour une cartographie exhaustive des partenaires et de leurs attitudes envers le vivant, mais prenons quelques exemples pour comprendre ce que racontent ces amitiés toxiques. Cette cartographie serait pourtant utile pour voyager dans les paysages fantasmagoriques du capitalisme vert d’aujourd’hui et survivre aux marais profonds de ses incohérences, paysages qui sont sans doute le champs de bataille des imaginaires le plus important pour la lutte pour la justice écologique.

Alors que nous écrivons, le Forum Économique Mondial, sommet virtuel des plus grandes entreprises pétrolières, agroalimentaires, énergétiques et technologiques du monde vient de s’achever. Son fondateur et président exécutif, Klaus Schwab, a résumé la rencontre de la sorte : « En somme, il nous faut une ‘grande réinitialisation’ du capitalisme ». Nous sommes à la croisée des chemins. L’ancienne culture se meurt, et nombre de ses vieilles logiques se battent pour survivre. Ces moments sont toujours les plus intenses et les choix qu’on y fait sont lourds de conséquences.

Nous vous écrivons depuis notre caravane qu’embrasse une épaisse haie, à l’ombre de chênes bicentenaires de la zad, à l’endroit exact où ils voulaient implanter les boutiques duty-free de leur aéroport international. Commençons donc par les partenaires qui sont liés à des zones qui se défendent contre leurs infrastructures destructrices. Le premier est évidemment RTE (Réseaux de Transport d’Électricité), la plus grande entreprise de transport d’électricité du monde. Elle construit des pylônes, gère des réseaux de distribution d’électricité et est un acteur majeur des marchés émergents de « smart grids » et énergie renouvelables. RTE envisage de construire un mega-transformateur sur 7 hectares de terres agricoles à Saint-Victor-et-Melvieu (Aveyron) pour récolter l’électricité produite par 1000 éoliennes industrielles de la région et l’exporter via des lignes à très haute tension vers les marchés marocains et espagnols. Pourtant, en 2014, sur un terrain qu’un paysan avait refusé de vendre à RTE, des rebelles ont bâti la Commune Libre de l’Amassada, des cabanes et des maison en paille, construite en travers du chemin des bulldozers. Afin de dédommager le paysan et de perturber RTE, les 2000 mères carrés furent déclarés propriété commune de milliers de personnes ayant acheté des parts, créant ainsi un cauchemar bureaucratique pour RTE qui devait exproprier tout le monde.

Des réunions, des fêtes, du jus de pomme, du fromage et de nouvelles amitiés se sont faites à l’Amassada, jusqu’à l’automne 2019 où des drones, des tanks, des hélicoptères et des centaines de CRS ne laissent de ces communs qu’une pile de sciure entourée de barbelés derrière lesquels les travaux pouvaient commencer. Cette « nouvelle révolution de l’industrie verte » relève de la même logique délétère que l’ancienne : extractivisme et enclosures. En étant partenaire d’Agir pour le Vivant, RTE croit-il pouvoir nous faire oublier la lutte « contre le transformateur et son monde » et la mauvaise réputation qu’elle lui a apportée ?

Arles se trouve dans le bassin versant du Rhône, et le rôle de la Compagnie nationale du Rhône (CNR) consiste à barrer le fleuve pour faire de l’électricité et irriguer l’agriculture industrielle. Les activités de la la CNR se déploient également de plus en plus vers le solaire et l’éolien. Cette entreprise à l’actionnariat semi-public semi-privé, a tenté de construire son 20e barrage dans les années 1980, provoquant la bataille de Loyettes, du nom du village où il devait être construit et où ont résisté locaux et pêcheurs. Ce fut l’un des premiers barrages français à être annulé en raison de la menace qu’il représentait pour un site écologiquement sensible. Dans le monde, les barrages n’ont jamais eu une bonne image. Chaque année, entre 40 et 80 millions de personnes, principalement les pauvres des zones rurales, sont déplacées de leurs terres pour fournir de l’électricité aux villes. En France, les barrages visant à irriguer l’agrobusiness ont vu leur réputation empirer après que les conflits à la ZAD de Sivens contre l’un deux ont conduit la police à tuer Rémi Fraisse, un botaniste militant de 21 ans.

La CNR est détenue pour moitié par Engie, le « leader de la transition énergétique » en France. L’entreprise productrice de combustibles fossiles et d’énergie nucléaire a fait des vagues sur les marchés de l’énergie « verte » en 2015 en vendant certaines de ses centrales à charbon néerlandaises et allemandes et en achetant des énergies renouvelables industrielles dans le monde entier. Avec la crise climatique en cours, les propriétaires de centrales à charbon ont le choix : soit ils décident d’arrêter leurs centrales polluantes (et d’assurer une reconversion juste à leurs employé.e.s), soit ils décident de les vendre à des entreprises moins regardantes de leur réputation écologique, se satisfaisant de continuer à brûler du charbon. C’est ce qu’a fait Engie11. Quand le PDG d’Engie écrit (dans Le Monde, en Mai 2020) « Mettons l’environnement au cœur de la reprise économique » il oublie de préciser que sa stratégie reste soumise à la logique qui est au coeur du capitalisme, à savoir l’externalisation, déplacement du problème (pour continuer à faire des profits) au lieu de travailler concrètement à de véritables solutions. Pour le capital, ce qu’il faut éviter c’est le « risque pour la réputation », pour le vivant, ce qu’il faut éviter c’est une culture qui lui tourne le dos.

Les entreprises ne peuvent agir ainsi sans liens fort et de grande confiance avec leurs banques : BNP Paribas a décidé d’être partenaire d’Agir Pour le Vivant. C’est l’une des plus grande banques d’Europe. Non seulement elle est très présente dans les paradis fiscaux12 mais elle est aussi l’un des plus grands financeurs d’énergies fossiles et donc directement responsable de l’expansion des sources d’énergie les plus destructrices.

En 2015, elle a sponsorisé les négociations des Nations Unies pour le climat, la COP21, et s’est vue attribuer, avec Engie, le prix Pinocchio décerné par Les Amis de la Terre et Action Aid aux entreprises « dont les activités ont un impact direct sur le climat, et dont l’influence, à travers le lobbying, la promotion de fausses solutions et le greenwashing affaiblit et détruit les politiques climatiques et sape l’action contre le changement climatique ». Entre 2018 et 2019, alors que la voix de Greta Thunberg résonnait dans les foyers du monde entier, que la jeunesse entrait en éruption dans les mouvements pour le climat et que le rapport des scientifiques du GIEC prévenait que si nous voulions éviter le pire de la catastrophe climatique il nous restait 12 ans pour effectuer des « changements sans précédent, rapides et de grande envergure»13, BNP Paribas est devenue le plus grand financeur européen d’industries de combustibles fossiles en augmentant de 72 % son portefeuille extractiviste14. Tout en décrivant sa politique envers le climat comme un « engagement à long-terme envers un avenir durable ». Cet été, ils renflouent l’entreprise américaine de traitement des schistes bitumineux, qui était au bord de la faillite après l’effondrement des prix du pétrole pendant la pandémie.

Les partenariats de cet événement ne se limitent pourtant pas aux entreprises qui sont restées coincées dans la logique extractiviste du capitalisme industriel de l’ancien monde, qui considérait la « nature comme une ressource ». Le forum a pour but de « repenser la manière avec laquelle l’ensemble du vivant se côtoie ». Parmi ceux qui repensent les rapports au vivant dans l’ « esprit nouveau » du capital, on trouve Mirova, une entreprise de gestion de portefeuille qui crée de la « valeur durable » avec sa spécialité : « le capital naturel ». La représentation du vivant comme un système constitué de réseaux dynamiques, adaptatifs et en perpétuelle évolution a influencé le capitalisme depuis des décennies, comme l’écrit Christophe Bonneuil, historien des sciences : « La nature devient (ou redevient puisque cela été la vision darwiniste) une juxtaposition fluctuante d’espèces ou individus auto-entrepreneurs plutôt qu’une grande usine fordiste ordonnée15. »

Dans ces nouveaux territoires de la finance en pleine expansion, ce qui apporte de la valeur, ce sont les services écologiques que la nature peut rendre ; la biodiversité devient un actif comme n’importe quel autre, doté d’une valeur sur le marché et surtout de retours sur investissement maximisés. Tout peut se vendre et s’acheter dans la « révolution de l’investissement durable » comme le nomme Matthew Kiernan, auteur de Investing in a Sustainable World: Why Green is the New Colour of Money on Wall Street (Investir dans un monde durable : Pourquoi le vert est la nouvelle couleur de l’argent à Wall Street). D’après lui, cette révolution est en passe de ré-inventer « l’ADN même des marchés de capitaux ». Les émissions et les puits de carbone, les rivières et la qualité de l’eau, les forêts et les parcs nationaux, tout est maintenant potentiellement un actif générateur de profit pour les services qu’il rend au vivant16.

Dans le fameux article de Costanza dans Nature en 1997, les services rendus annuellement par la biosphère étaient évalués entre 16 et 54 mille milliards de dollars. Le vivant est ainsi complètement intégré et instrumentalisé par la logique du marché, et « les marchés sont conçus comme le champ au sein duquel la destruction de l’environnement peut être gérée, dirigée ou rendue moins grave » sans générer de conflit dans le cadre de la douce et fluide abstraction de la finance. Comme l’explique la chercheuse Sian Sullivan, nous sommes témoins de la « modélisation des pratiques de conservation et la compréhension du monde non humain en termes de concepts bancaires et financiers. » Des forums tels qu’ Agir pour le vivant font partie intégrante du spectacle visant à lisser toute résistance en construisant le consensus que « le capital doit créer de nouvelles natures qu’il peut voir. Cela exige que la terre-en-crise soit repensée et reformulée de manière à ce qu’elle soit davantage alignée, conceptuellement, sémiotiquement et matériellement, sur le capital17

« Notre feuille de route pour 2020, c’est la biodiversité », affirme Mirova, dont les gestionnaires d’actifs trouvent « des solutions aux défis environnementaux tout en maintenant la performance économique ». Il s’agit finalement de l’ultime enclosure du vivant, où l’on cesse de se l’imaginer et de le traiter comme une ressource mécanique inerte qu’on peut piller sans vergogne, pour le considérer comme un flux chaotique et bourgeonnant, avec ses crises et ses croissances, qui ne diffère pas tant des marchés financiers dont le rôle est de « faire de l’argent » en le protégeant. Ce que les acteurs de ces entreprises financières innovantes oublient, et ça les arrange bien, c’est que le vivant ressemble bien moins à une système fondé sur la propriété privée qu’à un système de communs fondé sur la réciprocité, et la co-création. Dans les communs, l’utilisateur-trice et la ressource sont indissociables, et le but ultime des commoners est que ce système continue de créer de la vie, pas du profit. Vandana Shiva, lors de votre visite chez nous à la ZAD, vous nous avez si joliment parlé, dans notre bibliothèque à l’ombre du phare que nous avons érigé là où les charognards du futur voulaient construire la tour de contrôle, et vous nous avez dit : « Si nous voulons un avenir, nous voulons du vivant, et ce vivant ne peut vivre qu’en commun… »

C’est ainsi que, pour la dernière étape de notre voyage cartographique, nous revenons dans le bocage que nous habitons. Vinci n’a jamais pu y construire d’aéroport, mais l’un des partenaires du forum, l’agence de design et de communication, Saguez & Partners aurait tout-à-fait pu travailler l’image de marque de ce qui devait devenir un exemple inédit d’infrastructure écologique, recouvrant de béton 1650 hectares de zone humide et de terres agricoles, avec des compensations écologiques pour les habitats détruits, un toit végétalisé et des pistes de décollages raccourcies. Saguez & Partners ont déjà rénové l’image de cinq aéroports internationaux. Il-le-s décrivent leurs travaux sur l’aéroport de Marseille comme s’il s’agissait d’un poème : « Les couleurs se tournent vers le jaune du sable, les ocres orangés et rouges du soleil et des terres d’Oc et du Roussillon (…) Côté montagne, ocre de la Sainte Victoire, Orange de Van Gogh, jaune paille, jaune soleil, vert tendre (…) Le blanc dominant laisse respirer les couleurs provençales, amène de la lumière et du calme pour contrebalancer le stress du voyage… Avec sa double-exposition sur les pistes, et sur les montagnes et les pinèdes, il laisse la nature entrer à l’intérieur. ». Ces designers esthétisent ingénieusement les machines de mort, se servant de concepts de design pour masquer l’hostilité de ces infrastructures envers le vivant. Ces faux sorciers croient métamorphoser le capital, ils prétendent même faire passer le plus grand hypermarché d’Europe pour quelque chose à échelle humaine. Selon eux, il s’agit ainsi de « rompre avec l’impression de démesure, en conservant la même surface18. »

Saguez & Partners ont même inventé de nouveaux concepts (marques déposées) tels que le « hosping », la « rencontre de l’hospitalité et du shopping », dont le but est de « créer des lieux sensibles et chaleureux qui offrent à chacun.e une expérience personnalisée… Le shopping est mort, vive le hosping ! ». Le premier bâtiment incarnant ce concept de design sera le magasin phare mondial Huawei, géant chinois des télécommunications et premier vendeur de smartphones au monde. Cet emblème sera construit à Shenzen, la capitale chinoise du high tech, une ville plus connue pour les filets anti-suicides de ses usines et pour son smog de pollution que pour ses boutiques « chaleureuses ».

« Les designers sont devenus une espèce dangereuse19» regrettait Victor Papanek in 1971, lui même designer et éducateur, bien avant que les designer eux-mêmes se voient contraints de redorer leur blason.

Olivier Saguez, designer et PDG de l’entreprise, sera probablement présent à Arles. Agir pour le vivant et les partenaires du forum ont publié tout l’été des articles dans Libération. Dans l’un d’eux, intitulé Le design ne doit-il pas se reconnecter au monde du vivant ? Saguez écrit que le design, « c’est un art de l’observation qui a beaucoup à apprendre du vivant. En redevenant plus frugal, modeste, économe, malin, utile à 100% et forcément durable, le design sera plus proche de la nature et du vivant. »

En ces temps incertains, l’art de l’observation nous semble, après l’art des « parentèles dépareillées » (making kin), la première aptitude à apprendre. À chaque fois qu’on nous invite à un événement, une conférence, ou une exposition, avant même d’accepter l’invitation, nous commençons par étudier la liste des sponsors. Cela peut paraître tatillon, et nous reconnaissons que c’est souvent difficile dans nos vies sans cesse pressées, alors que nos psychés sont assaillies d’armes électroniques de distraction massive qui nous bombardent sans relâche de stimulants sémiotiques. Pour nous, c’est une discipline de l’attention, une façon d’essayer d’être présent-e-s au monde malgré la tendance au pilotage automatique. Cette attitude nous permet de véritablement habiter une situation et de choisir entre ce qui continue d’alimenter une culture délétère et ce qui se tourne vers le vivant. Faire attention (dont les racines sont ad – vers et tendre – étirer), sentir et comprendre la texture et les chemins de vie de quelque chose, c’est, littéralement, tendre vers l’autre. Tous les corps sensoriels de la vie impliquent un processus de rapprochement et de transformation de l’autre pour devenir soi-même.

Cette attention nous a mené-e-s à décliner nombre d’invitations, dont certaines pour des projets à gros budget, et à expliquer dans des lettres ouvertes les raisons pour lesquelles nous ne souhaitions pas participer. Il ne s’agit pas pour nous de purisme, mais de cohérence. Nous choisissons les ami-e-s que nous souhaitons contaminer (à la manière d’Anna Tsing, pas du COVID) de nos plus belles idées, et avec qui rester distant-e-s. C’est peut-être aussi une question de santé mentale de nos cultures. Si nos besoins et nos valeurs sont en décalage, si nos formes de vie ne correspondent plus à nos idées, si nos pensées et nos actions sont désaccordées, nous perdons la tête et notre ancrage dans la réalité. Ayant perdu la tête, nous ne pouvons plus choisir, et sans pouvoir faire de choix, nous sommes perdu-e-s.

Nous vous appelons à choisir le vivant et l’amitié,

Une histoire de Liens et de Femmes

Retour en images sur cette magnifique semaine passée en compagnie de toutes ces femmes, aidantes ou aidées, mélangées et mêlées dans une sororité confortable et bienveillante.

On a tricoté, cloué, cousu, mangé et bu. On a ri, pleuré, parlé, ouvert notre cœur et laissé aller nos corps, toutes ensemble.

Et c’était beau.

Je suis émue de l’énergie incroyable transmise par toutes les intervenantes, par tous les donateurs/trices, par toutes ces femmes qui se sont déplacées juste sur une promesse : passer un peu de temps avec nous pour prendre soin d’elles. Je ne pensais pas que leurs sourires, leurs yeux pétillants, leur insistance à vouloir revenir et avoir l’assurance qu’on les rappellera pour le prochain atelier allait autant me toucher et me donner autant d’énergie pour poursuivre l’aventure. Je pensais que c’était elles qui avaient besoin de nous mais leur force m’a nourri et me porte désormais.

Merci à vous, Mesdames !

41 femmes avec leurs enfants, 15 ateliers sur 7 jours : (des minis ateliers pour toujours respecter les consignes sanitaires).

9 assos, collectifs, passionnées ou professionnelles engagées qui ont proposé des ateliers, d’immenses merci à :

Samantha et Rose pour les ateliers bien être

Chiraz pour les temps de parole entre femmes

Stéphanie et Joseline pour la couture Odéchet et la prépa de cabas pour les cadeaux:

Le petit ZinZinc pour les ateliers parents/enfants, café allaitement et Rebozo :

Merci à Rêvons la culture pour l’atelier Tricot :

Merci à Julie pour l’atelier bricolage/recyclage :

Merci au collectif d’auto-défense féministe pour l’atelier démonstration/discussion.

Merci aussi à tous les donateurs/trices qui nous ont permis de faire de très beaux cadeaux à chaque participante :

Le collectif citoyen de Noisy-le-Sec pour les très très belles boites cadeaux, appréciées des mamans. Et tous les jolis messages :

Au collectif Vos Gâteaux et spécialement à la « team réglisse » qui a remporté haut la main notre audacieux challenge d’allier solidarité avec écologie. Aussi elles ont délicieusement pâtissé avec que du végétal pour faire plaisir aux mamans sans maltraitance animale. Un très grand bravo à vous !!!

Merci à Féminité sans abris pour les pochettes cadeaux et les coquets ensembles de sous-vêtements qui ont fait un grand carton !!!!

Merci à Soif de solidarité pour les dons de vêtements neufs qui sont venus garnir chaque jour la Gratuiterie pour que les mamans puissent faire leur shopping ! Merci aussi pour tous les foulards et écharpes qui ont complété les cadeaux :

Merci à Action contre la faim France qui nous a permis d’ajouter aux cadeaux des produits de première nécessité :

Merci à « Oh my cream » pour les magnifiques coffrets alliant soin et écologie (avec les lingettes lavables !!!) qui ont fait briller de nombreux yeux, :

Merci à Oihiba pour la collecte de jolis dons et les livraisons :

Merci à la Brigade de solidarité populaire Aubervilliers/Pantin pour avoir transmis des cadeaux au foyer de Femmes et d’avoir orienté des mamans.

Merci aussi à tous/tes les autres, particuliers, entreprises et magasins qui restent anonymes et qui ont répondu en nombre à cette magnifique semaine.

De belles aventures qui nous donnent envie à toutes de continuer de vivre des choses ensemble : les RDV sont pris, on sera là pour vous accueillir !

Merci aussi à Michel qui était en soutien mais qui est resté confiné tous les après-midis pour que l’on puisse rester entre Femmes, merci infiniment de me suivre dans ces actions !

A suivre prochainement une mini BD retraçant cette folle semaine !

La semaine de la Femme au LEØ

En l’honneur de la journée internationale des droits des femmes :

Nous avons décidé de célébrer cet événement non pas une journée mais une semaine !
Parce que les femmes en grande précarité que nous accompagnons, et soutenons méritent plus que jamais une pause dans leur quotidien si éprouvant;
L’isolement, l’acharnement administratif, l’instabilité de hébergement la plupart du temps insalubre, avec l’incertitude et l’angoisse du lendemain.
Nous souhaitons à notre niveau panser ces douleurs du quotidien en leur proposant une pause, un moment rien que pour elles, dans lequel elles pourront être entourées, et chouchoutées.
Toutes les femmes méritent d’être célébrées, pour cela nous souhaitons offrir à celles qui n’ont rien un maximum.

Au programme, des ateliers découvertes :

Massages AMMA assis : une technique relaxante et dynamisante, habillée, de massage. Dispensé par Samantha masseuse professionnelle.

Initiation à la couture 0déchet : cours de couture en petit groupe, avec tissus de récupération et confection d’un petit objet à définir sur le moment, selon les envies : serviette hygiénique lavable, mouchoirs, lavettes… Atelier dispensé par Stéphanie, animatrice depuis près de 2 ans de l’atelier couture du LEO.

Initiation au tricot : Laines de récupération et cours dispensé par les tricoteuses solidaires de Rêvons la culture à Noisy.

Initiation à l’auto-défense : Discussion autour de l’auto-défense féministe, possibilité de petit atelier d’auto-défense simultané pour les enfants. Collectif d’auto-défense féministe de Pantin

Temps d’échange entre femmes : Temps convivial de discussion animé par Chiraz Kachmar, sage femme.

Café allaitement : temps d’échange autour de l’allaitement animé par l’équipe du Petit Zinzinc.

Atelier parent/enfant 0/3ans : temps de jeu et discussions pour les petits animé par le Petit Zinzinc.

Bien être au féminin : un atelier pour apprendre à prendre soin de soi, par le Petit Zinzinc

Initiation au bricolage : apprendre à changer une prise sur de l’électroménager et autres petites astuces par Julie ou Louise des adeptes du bricolage !

Le tout en minis groupes afin de respecter toutes les réglementations.

Nous leur remettrons également des coffrets cadeaux, notamment grâce aux collectes du collectif citoyen de Noisy-le-sec et aux dons de Féminité sans abris et Action contre la Faim France.


Si vous souhaitez participer à cet événement : nous collectons samedi entre 10 et 12h et dimanche entre 15 et 17h :
Bijoux fantaisies, accessoires (foulards, bonnets, gants) produits d’hygiène, parfums ou échantillons, produits de beauté neufs.
Nous souhaitons également leur remettre de délicieuses douceurs à emporter : si vous le souhaitez vous pouvez vous inscrire sur le planning de la semaine pour apporter des gateaux VEGAN. Nous remercions par avance la team réglisse de Vosgâteaux pour leur engagement à nos côtés malgré le challenge végétal !
Pour cela, vous pouvez nous contacter directement par e-mail : leo@lamachine.org