Notre objectif est de réfléchir la transition écologique et sociale et de l’expérimenter au quotidien de la façon la plus simple et joyeuse possible.
Cela fait des années que Michel et moi-même cherchons un lieu conventionné pour notre projet, ainsi nous avons contacté un grand nombre de municipalités et d’aménageurs, la plupart de nos mails sont restés sans réponse.
Nous souhaitons proposer un lieu d’expérimentation où l’écologie, serait non pas austère, réservée à une « élite », culpabilisante ou contraignante, mais facile et accessible à tous. Un lieu ouvert sur son quartier, pour ses habitants et les associations où il ne serait plus question d’argent mais de lien. Un lieu pour repenser notre façon d’habiter le monde en proposant nos activités dans des structures mobiles ou nomades et en gardant des places libres pour de l’hébergement d’urgence. Un lieu de culture dans tous les sens du terme avec une grande basse cour, un jardin, une salle de spectacle et de répétitions, une cantine, une gratuiterie, un atelier….
Mais sans espace pour se réaliser ce projet n’est qu’un rêve. Et rêver ce n’est pas notre truc, nous voulons faire !
C’est pourquoi nous avons choisi une ancienne imprimerie, abandonnée depuis belle lurette, au cœur d’une zone industrielle en désuétude, pour ouvrir le Laboratoire écologique Ødechet, à Noisy-le-Sec en Île-de-France.
Après avoir évacué les ordures présentes sur place, nettoyé, rafraîchi et meublé nous avons pu ouvrir au public le 19 août 2018. Nous avons alors proposé un atelier d’auto-réparation et de construction et une Gratuiterie.
Pour nous, peu concessions, on mange 100 % bio et majoritairement déchétarien. Nos animaux en particulier ! On pense notre utilisation de produits ménagers. On fait maison. On limite l’utilisation de la voiture en préférant le vélo ou le métro (ou les pieds !). On recycle, on trie, on réemploi, donne, prête… en limitant ainsi nos échanges commerciaux et nos déchets. On teste, rate, examine, on éprouve, on fouille, on réessaye et on tente encore, on fait.
On fait de l’écologie un jeu quotidien, et on s’amuse bien ! Les échecs sont acceptés et pris en note et les réussites transmises.
En seulement 3 mois d’activité, le public de Noisy-le-Sec a pleinement adhéré à notre concept et est venu en nombre, le bilan en quelques chiffres :
- 1087 entrées en 28 ouvertures public,
- environ 550 personnes impactées,
- plus de deux tonnes données à la Gratuiterie,
- 345kg de papier et carton recyclés,
- environ 1200kg de denrées alimentaires valorisées ou compostées au lieu d’être jetées à la poubelle,
- 612 kg de métal recyclé
Après une expulsion injuste et rapide en décembre 2018, nous avons été accueilli par le collectif LaMifa qui œuvre pour le droit au logement. Ils nous ont proposé de poursuivre nos activités en leur compagnie dans les caves de leur habitation.
La Gratuiterie et l’atelier d’auto-réparation et de construction ont ré-ouvert dimanche 6 janvier 2019 pour notre plus grand plaisir : Bilan de la journée.
Mais une fois encore la machine judiciaire a prononcé l’expulsion de ce lieu en avril 2019.
Après avoir contacté et épuisé toutes nos pistes pour avoir un lieu conventionné nous avons dut nous rabattre sur un bâtiment abandonné à Pantin. Ce nouveau lieu appartient à la région et si nous avons présenté notre projet et tenté une conciliation à notre arrivée, la seule réponse a été celle de la procédure judiciaire. Il semblerait qu’il soit préférable de laisser ce lieu vide et de le faire gardienner par nos impôts. Le tribunal nous donnera finalement un délai incroyable de 3 ans et demi pour développer nos actions solidaires et écolos.
Le squat n’est pas pour nous un choix de vie, mais bien un moyen de faire survivre notre projet et nous poursuivons nos recherches pour avoir un lieu conventionné dans les clous 😉 .
Parallèlement, depuis janvier 2019, nous avons créé notre association, développé des activités ambulantes, notamment sur la friche Tempo de Noisy-le-Sec et sommes soutenus par « Est Ensemble » et le département !
Depuis nos débuts, Igor Babou, sociologue, photographe et professeur à l’université Paris Diderot, mène une étude ethno-photographique participative à nos côtés sur le thème des mobilisations environnementales. En savoir plus ici. Il a rassemblé photos et témoignages dans un livre « Vivre la friche », toutes les infos ICI.
Si le temps institutionnel et l’urgence manifeste pour les activistes que nous sommes ne parviennent pas à se rejoindre pour que nous puissions trouver un lieu durable pour nos actions, notre public est bien là et il nous suit envers et contre tout. Les liens tissés avec d’autres associations nous rendent chaque jour plus un peu plus forts et ensemble nous avons l’intime conviction d’aller dans le bon sens.
A très bientôt,
Amélie et Michel